Enchantées par cette démonstration toute pittoresque, nous remontons St James’s Park jusqu’à Buckingham, dans l’optique de traverser pour rejoindre Hyde Park via The Green Park. Problème, une canonnade d’époque semble se préparer dans les jardins, et les accès sont fermés. Qu’à cela ne tienne, le changement d’itinéraire enterre joyeusement nos espoirs de picnic, et nous décidons de nous engouffrer dans le métro en direction de Portobello Road Market.

Comme Camden, Portobello est un bric à brac merveilleux au beau milieu du paisible quartier de Notting Hill. Les vendeurs de vêtements upcyclés se mêlent aux manucuristes, bijoutiers, revendeurs de vieilles cartes postales, nourriture libanaise, souvenirs pour touristes, fruits et légumes, huitres, rastacaps, fleurs… On ne sait plus où donner de la tête ! Il y a aussi de nombreuses friperies dans des boutiques en dur sur le long de la route, qui oscillent entre luxe et revente un peu ringarde. Nous mangeons rapidement dans une boulangerie se prétendant française (rmm rmm), avant de reprendre notre chemin vers les hauteurs du marché.

Passons aux choses sérieuses. En venant ici, j’avais envie de découvrir avec maman ce marché que m’avaient tant vanté les guides de voyage, ce qui ne devait pas nous détourner de notre objectif premier : poser devant la porte bleue du film Coup de Foudre à Notting Hill. Pour être honnête, je n’ai vu ce film qu’une fois, et il m’a laissé peu de souvenirs. Mais pour ma sœur, ma mère et ma tante, il s’agit d’une véritable insti-tu-tion, et il était hors de question de venir à Londres sans passer se recueillir devant le sanctuaire de leur amour de jeunesse. Depuis quelques minutes, je suis ma guide sans prêter attention aux directions que nous empruntons. Je vois vaguement que nous revenons sur nos pas, à l’entrée du marché, mais vous savez maintenant, moi, l’orientation… Elle s’arrête soudain au beau milieu d’une rue, l’air un peu contrarié. Elle a rentré l’adresse de la fameuse porte bleue sur son GPS, mais manifestement Google Maps fait des siennes. Piquée par je ne sais quel instinct d’aventurière, je décide de prendre les choses en main. Hop hop rapide recherche sur Internet, mais non tu vois bien que sur ton téléphone il est écrit la mauvaise adresse, nous on cherche Westbourne, allez hop tac c’est là-haut en traversant le marché. Et c’est ainsi que nous nous embarquons pour un détour de près d’une heure, confondant Westbourne Grove and Westbourne Road… Après plus de 30min de marche et la ferme intuition de nous enfoncer dans un quartier qui n’a plus rien de touristique, nous découvrons que l’adresse rentrée n’est pas la bonne, et que nos pas nous ramènent, incrédules, vers très précisément notre point de départ… en face duquel se trouve la porte. En face. De l’autre côté de la route. Une heure de marche quand nous aurions pu lever le nez. No comment (une heure de perdue mais des années à en rire, on retombe sur nos pattes).

Encore hallucinées de notre mal-adresse, nous reprenons le métro en sens inverse. La destination est simple : Oxford Street. On y trouve les enseignes les plus mainstream de la capitale, parmi lesquelles Urban Outfitters, où l’ambiance éléctrique ridiculise presque celle de Portobello Market… et nous file une sérieuse migraine chacune. Trêve de shopping, la soirée nous attend !

Ce soir est une soirée un peu spéciale, car mère et fille sont de sortie. Comme j’habite à Paris depuis deux ans, nous avons pris l’habitude avec ma famille, quand elle me visite, de profiter des opportunités que la capitale offre en assistant à un spectacle. En préparant notre voyage, je me suis dit qu’il serait amusant de reproduire l’expérience ici. J’ai donc réservé deux places en catimini pour l’une des pièces de théâtre les plus célèbres au monde : le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux. J’ai beaucoup hésité sur le choix du spectacle. Il fallait qu’il soit compréhensible mais pas trop simple, spectaculaire mais pas trop kitsch ni trop trop cher… Un vrai casse-tête ! Ce que nous avons vu a dépassé toutes mes attentes. Nous arrivons sur les coups de 19h à His Majesty’s Theater. Il fait beau, les gens sont souriants, l’ambiance est animée. Nous prenons place au premier balcon et nous amusons beaucoup de constater que nous sommes les seules (sur une salle de plusieurs centaines de spectateurs !!) à ne pas avoir acheté une mini-bouteille de champagne recouverte de sa coupe en plastique. La salle est splendide, et nous sommes vraiment très bien placées.

Que dire de cette soirée tant elle nous a enchanté… comme Christine est enchantée par le fantôme ! (Pour un petit récap’ de l’intrigue, c’est par ici :). Les décors, les scènes et les costumes étaient absolument somptueux. On ne se lasse pas d’entendre les chansons s’enchaîner, ensorcelées par la virtuosité des interprètes. Ce soir-là, la comédienne qui interprétait Christine Daaé fêtait ses 27 ans, et la pièce, sa 15 000ème représentation !! Nous étions toutes les deux de retour en enfance, dans cette position fascinante de spectatrice où l’on se prête à chaque parole, à chaque illusion, où l’on en redemande. Laissez donc tomber les contes de fées, ils ne sont rien à côté des contes de fantôme. A côté de moi, un jeune homme venu seul qui ne perd pas une miette de spectacle. Chaque scène l’émerveille et le fait s’exclamer. A la fin de la représentation, nous échangeons quelques mots. Il s’appelle James et il est originaire de Taïwan. Il visite l’Europe seul, et se rend à Paris la semaine prochaine. Nous trinquons à la féérie de la nuit et nous souhaitons bonne continuation (car oui, même James avait sa petite coupe de champagne portative, qu’il m’a gracieusement tendue pour faire tinter contre la bouteille). Nous rentrons de nuit à l’hôtel, la tête dans les étoiles. Un rapide détour au supermarché pour acheter 12 sushis de rien du tout, que l’on mangera en tailleur dans notre lit. A demain London !

La devanture du théâtre, à quelques pas de Trafalgar Square

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Une réponse

  1. Avatar de Grèbe Castagneux
    Grèbe Castagneux

    L’Angleterre a perdu l’Euro mais gagné un super portrait !

    J’aime

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