A l’été 2025, nous sommes parties entre sœurs (re)découvrir Berlin. Récit d’un voyage sous le soleil de la bonne humeur et les nuages d’outre-Rhin.
Jour 1 ⸱ Porte de Brandebourg, Musée de l’espionnage et Sony Center
Nous arrivons en avance à l’aéroport de Berlin, un bâtiment monumental dont la construction fit scandale. Estimé à 2 milliards d’euros, Berlin-Brandebourg en coûta plus du triple ! Malgré les indications du Routard (« bien fléché »), nous avons eu du mal à rejoindre le centre-ville, à 40 kilomètres tout de même. Et pour cause ! Aucun agent dans les longs couloirs blancs, juste nous et nos sac-à-dos, livrées à nous-même. Les imprévus faisant partie du voyage, nous avons sympathisé avec une Brésilienne, barmaid dans le sud de l’Angleterre, qui nous a largement vanté les louanges de sa ville. Pour de prochaines vacances !
Rejoindre Berlin depuis l’aéroport
Nous avons finalement acheté un ticket à 4€70 pour « Berlin Hbf » (Berlin Hauptbahnhof — c’est-à-dire la gare centrale). En sortant de l’aéroport, marcher tout droit et descendre les escaliers menant au métro. Le train/RER qui nous y a conduites était un FEX, il en passait toutes les 20 minutes. Conseil évident de bon sens : rester à l’affût sur le quai et s’avancer quand un train se présente, même loin de soi, au risque de le voir nous passer sous le nez… et attendre pendant les 20 prochaines minutes ! Une fois à la gare centrale, soit 30 minutes plus tard, on peut se dégourdir les jambes en marchant, comme nous, ou bien prendre une correspondance.
Notre logement n’étant disponible qu’en milieu d’après-midi, nous nous sommes promenées un moment. De la gare centrale, nous avons rejoint l’illustre Porte de Brandebourg. Premier constat, qui ne se démentira pas : les rues, très larges, sont calmes, silencieuses et peu peuplées. Même sous le soleil du mois de juillet !
Le palais proteste
À la Porte de Brandebourg, tourisme oblige, nous nous sommes restaurées d’une traditionnelle Currywurst, arrosée de frites, dans la première cahute venue, juste derrière les ambassades. Disons le, c’est délicieux pour un ventre affamé, un peu moins pour un esprit lucide sur le contenu de l’assiette ! Est-ce un trait de la gastronomie locale ? Nos barquettes regorgeaient de sel, comme plusieurs fois durant le voyage. Pas grave, de larges rasades d’eau calmaient l’incendie. À proximité des bancs du stand, un homme effectuait des rondes, sac en plastique à la main. Il collectait les bouteilles de bière vides, consignées à Berlin. J’ai lu qu’il était coutume de laisser sa bouteille une fois terminée, pour permettre aux personnes les plus précaires de profiter de la remise.
Chassées par un groupe d’allemands peu dérangés de s’asseoir quasiment sur nos genoux, nous nous mettons en route pour l’île aux musées. L’occasion d’éprouver le gigantisme de la capitale allemande, huit fois plus grande que Paris ! Infime tracé sur la carte, notre balade digestive s’est transformée en randonnée de 40 minutes. Il faut dire que nous ne marchions pas au pas de course (à quoi bon ?) Cette promenade nous a permis de découvrir le Franzosische Dom et son histoire : l’arrivée massive de huguenots à Berlin après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en octobre 1685, qui a véritablement jeté les bases d’une communauté française en Allemagne. Après avoir croisé un joli petit marché sur les rives de la Spree, nous nous délassons un peu, encadrées par l’Alte Muséum et le Berliner Dom. 10 minutes suffisent à attraper un splendide coup de soleil, heureusement apaisé par une glace à quelques encablures sur Fischerinsel. Les clés de notre logement enfin récupérées dans le sympathique quartier de Märkisches Museum, nous nous affalons pour une sieste bienvenue.
Notre logement
Via Airbnb, nous avons réservé une chambre dans un immeuble entièrement occupé par le tourisme. Un compromis entre le cadre d’un hôtel (calme, propre, avec équipements de base) et l’autonomie d’une location (pas de réception, pas de service de ménage). Parfait pour nous, mais qui peut surprendre si on ne s’est pas attardé sur les détails de la réservation.
Plusieurs établissements disponibles à cette adresse.
Stadt und Medina
La deuxième partie de la journée débute par la visite du Deutsches Spionagenmuseum (Musée de l’Espionnage) . S’étendant sur deux étages, l’exposition détaille l’évolution des services de renseignement de l’Antiquité à nos jours. Si les objets de la collection du XXe siècle raviront sûrement les Docteur Gadget, je dois bien admettre que ce furent les « attractions » qui constituèrent le cœur de notre visite : braquer un coffre-fort, prendre des photos dans le décor de James Bond, échapper aux rayons laser dans une pièce obscure du genre Fort Boyard… L’entrée s’élevant tout de même à 12€, ce n’est pas un must-do mais cela peut rendre service s’il pleut aux alentours de Potsdamer Platz. Par chance, l’heure dorée nous offrit de belles couleurs, dont nous profitâmes en nous réjouissant de la diversité architecturale. À quelques mètres du plus vieux feu de circulation d’Europe balisant la place (1924 !), le Sony Center, conçu par l’agence américaine Murphy Jahn Architects, réserve un moment agréable. On y vient plus « histoire de voir » que pour autre chose (n’est-ce pas l’essence même du tourisme ?), mais c’est un incontournable. D’autant que le lieu est un véritable millefeuille temporel. Au pied des buildings vitrés, une sente de pavés sombre marque l’emplacement du mur jadis.

Se déplacer à Berlin
Berlin et ses environs se répartissent en 3 zones tarifaires : A-B-C. Les tickets pour celles-ci s’achètent aux automates directement sur le quai, libre d’accès. Ces billets permettent d’emprunter les U-Bahn (métro), S-Bahn (équivalent du RER en zone parisienne) et les bus. Attention : ne pas oublier de composter sur le quai où l’amende sera salée : 60€ (après les amandes salées sont bonnes, mais la gastronomie allemande réserve d’autres spécialités) ! Dernier conseil : attendez que votre transport pointe le bout de son nez pour introduire le billet dans l’horodateur, car les tickets sont valables 2 heures. Vu le retard des S-Bahn, il serait dommage de perdre de précieuses minutes de validité à quai. Correspondance permise, dans le respect des zones tarifaires. Ne pas oublier de composter de nouveau.
À cloche-pied, nous tentons d’imaginer : Est-Ouest, Est-Ouest… à l’entrée de la place enfin, une vieille façade protégée des passants donne un aperçu de ce qu’était le quartier au début du siècle dernier. Centre névralgique du pays, la Potsdamer Platz fut détruite à 90% au cours de la Seconde Guerre mondiale. No man’s land désaffecté pendant la mise sous tutelle des différentes puissances, elle regagna progressivement son statut de point de rassemblement après la réunification.
Nous dînons dans un restaurant absolument DÉ-LI-CIEUX (je pèse mes mots). À 20 minutes à pied de Potsdam, le Bistro Medina nous régale de tajine, bastilla (tourte à la viande, feuille de brick et sucre glace) et harira (soupe à la tomate relevée aux pois chiches). En plus les prix sont corrects : ajoutez un thé à la menthe à la liste ci-dessus et obtenez 30€ (avec le pourboire, donné en direct et non laissé sur la table comme de coutume dans la ville). Nous terminons la journée par une balade dans les rues presque désertes pour rentrer (étrange…). À demain Berlin !

Merci à mon amie Clélia, éditrice de talent, pour la relecture attentive de cette série berlinoise.






