De Bari à Brindisi, récit de notre vagabondage heureux le long de la côte adriatique.

Place du Duomo, Lecce

Aux vacances des estivaliers succèdent les vacances des guides. Pendant que les premiers se baladent, les seconds se démènent : « vous devriez faire ceci, goûter cela, non pas à droite, c’est un cul-de-sac, de l’autre côté de la place il y a un beau panorama, attention à l’eau du robinet, le taxi coûte moins cher les jours impairs… ». On flâne et ils répondent de tout, les Routard, Lonely Planet et compagnie, les gens rencontrés sur place aussi, bref, tout ceux qui sont venus, qui ont vu et qui ont tenté de vaincre les moindres embûches sur la route des vacances enchanteresses. Comme je suis pleine de reconnaissance pour les éclaireurs (et pleine de nostalgie pour les Pouilles), je m’en vais, moi aussi, joindre ma voix au concert de celles qui ont écrit la légende dorée du sud de l’Italie.

Nous avons voyagé dix jours avec mon copain, sous le beau soleil du mois d’Août. Il va sans dire que si l’occasion se présente de découvrir Italie sous des températures un peu plus clémentes, il faut la saisir ! Séjourner dans les Pouilles, c’est faire l’expérience du temps qui ralentit, tranquillement installé à la terrasse d’un café, d’un paysage de contes et légendes, oscillant doucement entre la terre rouge des champs d’oliviers et le bleu intense de la mer adriatique. On s’oublie à bord des trains qui sillonnent la région, on se perd entre les ruines de Matera, et, le soir venu, on goûte à la douceur des ports animés…

Plutôt que de détailler par le menu chacune de nos journées, car aucun voyage ne se ressemble tout à fait, vous trouverez ici quelques détails pratiques et un peu du parfum des lieux que nous avons traversés. Les villes qui nous ont le plus marqué ont eu droit à un portrait express, suivez le lien pour le découvrir !

  1. Jour 1 ⸱ Bari
  2. Jour 2 ⸱ Matera
  3. Jour 3 à 6 ⸱ Alberobello et Locorotondo
  4. Jour 7 et 8 ⸱ Monopoli et Polignano a Mare
  5. Jour 9 et 10 ⸱ Lecce
  6. Jour 11 ⸱ Brindisi

Jour 1 ⸱ Bari

2 nuits

C’est la première étape de notre voyage, la capitale des Pouilles, très bien desservie et qui permet de visiter facilement la région. Notre logement se situe un peu à l’écart de la vieille ville, à proximité du parc Garibaldi (avec Vittorio Emanuele II, ils détiennent – à vue de nez – pas loin de 50% du capital toponymique de l’Italie, passons).

Bari nous enchante à peine déchargés de nos valises (sans lesquelles on pose un regard beaucoup plus clément sur les pavés inégaux des ruelles !). On lit parfois, à tort, que ce n’est pas l’endroit où passer l’entièreté de ses vacances. Le charme du lieu nous a prouvé le contraire, d’autant qu’il est vraiment facile de se déplacer à partir de Bari pour explorer les alentours.

Le parvis de la cathédrale de Bari

Le plan de la ville se divise en deux. La vieille ville, encombrée et tortueuse, dans laquelle il est très agréable de se perdre en début de soirée, quand le soleil rase les façades baroques. Et la ville nouvelle, quadrillée par Joachim Murat, beau-frère de Napoléon Ier. L’ambiance diffère en fonction, tantôt tournée vers la mer et le tourisme, tantôt plus urbaine et active. Nous avons adoré chaque seconde passée à Bari, arrivederci !

Jour 2 ⸱ Matera

Excursion depuis Bari

Que dire de Matera… Il est 13h lorsqu’on émerge de la superbe gare moderne. Les rues sont vides. Le soleil cogne. Personne, le silence, des fleurs aux althéas. Au détour d’une rue, la vue, soudaine. Le regard arpente, extatique, les ruelles qui montent et descendent à l’infini. Les toits des maisons (sassi) servent de trottoir à l’étage supérieur. Nous avons quitté les Pouilles pour la Basilicate, plus secrète. Après Alep et Jéricho, Matera est le plus ancien témoignage des villes d’autrefois, murée dans l’obscurité des collines. Les façades décrépies portent encore les stigmates du passé, quand la misère condamnait les habitants dès leur naissance, avant la venue d’un écrivain, Carlo Levi, puis la levée de boucliers de l’UNESCO et le G20… Au fond du ravin, chante une rivière. Là-haut, une église incrustée dans la pierre comme un rapace attentif. Bienvenue à Matera, la ville où le temps s’est arrêté.

Matera vue de haut

Jour 3 à 6 ⸱ Alberobello et Locorotondo

4 nuits

Après deux jours tout feu tout flamme, il est temps de prendre du bon temps ! Nous posons nos valises pour quatre nuits dans une charmante petite maison aux abords de la célèbre Alberobello. Une vaste cour ouverte sur les champs et une famille de chats pas espiègles pour un sou deviennent rapidement notre environnement familier. Alberobello est souvent citée comme LA ville à voir dans les Pouilles, mais attention à l’emballement des algorithmes… C’est vrai que le spectacle des trulli (des habitations en pierres sèches au toit conique) est unique en son genre et que les environs de la ville ne manquent pas de charme. Il ne faut cependant pas être allergiques aux touristes (et au bon sens : si nous sommes là, nous en faisons partie). Les ruelles de l’hyper-centre ressemblent à un petit musée à ciel ouvert, mais pas de mauvaise foi ! Le lieu reste très agréable, aucune main invisible (ou presque) ne nous pousse à franchir la porte des boutiques de souvenirs et il suffit de s’éloigner un peu pour prendre la température de ce que devait être la vie ici.

Alberobello au coucher du soleil

A moins d’une demi-heure de bus d’Alberobello, nous découvrons la coquette Locorotondo. Perchée sur la vallée d’Itria, le village dégage une grande sérénité, sûr de lui. Les différentes églises brossent le portrait attendu de la pieuse Italie, le ballet du café de la place offre un spectacle tranquille, entre cappuccino et pasticciotto. Il y a un grand parc ombragé, comme un balcon sur le paysage, où il fait bon s’allonger un peu après le déjeuner. Discrète, la bibliothèque municipale est ouverte à tous. Certaines ruelles sont vides, d’autres non, les fenêtres des cuisines dégagent parfois de bonnes odeurs, les rideaux de perles au seuil des maisons ondulent doucement… Cette fois je suis d’accord, on ne passe pas toutes ses vacances à Locorotondo, mais on y passe tout de même quelques heures bien agréables.

Locorotondo © Pexels

Encore sous la forte impression que nous ont fait Bari et Matera, nous convenons qu’il aurait peut-être été plus avisé de mieux répartir nos nuitées. A refaire, nous passerions trois nuits sur la côte et trois nuits dans les terres par exemple (cela dit, ce qui fait la qualité de notre logement à Alberobello, outre les chatons pendus à nos basques, c’est son prix très abordable). Mais quitte à tout refaire, nous passerions dix mois à vagabonder en Italie alors…

Mon conseil : passer plus de deux nuits au même endroit est très confortable, car vous vous assurez de deux jours sans valises. Si comme nous vous aimez vagabonder, élisez un pied-à-terre (ou à mer), et utilisez l’excellent réseau de transport des Pouilles pour rayonner (et si comme moi il suffit d’un trou dans le chemin pour vous filer le mal de cœur, pas d’inquiétudes. A moins de tomber sur un chauffeur particulièrement zélé, les transports ne posent aucun souci). Et les prix de train et de bus sont très doux !

Jour 7 et 8 ⸱ Monopoli et Polignano a Mare

2 nuits

De l’avis commun, Monopoli est un bijou de la côte… et c’est vrai ! La mer fait ses gammes au pied d’épaisses murailles médiévales, bleu ciel, bleu marine, bleu turquoise. Le temps est bon, on vit au rythme de la brise, des plats de poisson et du mystère des églises. Les plages sont toutes petites mais nombreuses, il y a de la place pour tout le monde. La vie nocturne est très animée, on assiste même au concert de ce qui semble être un illustre chanteur local. Les rues prennent par moment des allures hellènes. Pour le reste, il faut le voir pour le croire…

Les eaux bleues de la côte

Polignano a Mare n’est qu’à 11km et 5 min en train, nous y passons quelques heures. L’atmosphère est bien plus survoltée, les vendeurs de souvenirs arpentent les rues et jouent des coudes avec les vendeurs de parasols. Au bout du village, un promontoire qui réserve une vue somptueuse sur la mer et qui vaut le détour à lui tout seul.

Jour 9 et 10 ⸱ Lecce

2 nuits

Lecce est la dernière étape de notre voyage, notre point de chute le plus au sud. Nous sommes aux portes du Salento, la péninsule formée par le talon de la botte. Je repère quelques cartes qui attirent tout de suite mon attention, à peine arrivée et j’ai envie de repartir, de continuer notre voyage toujours plus au sud… on reviendra. Pour l’heure nous sommes à Lecce, la Florence méridionale. J’ai peur de me répéter en écrivant que la ville m’enchante. Et pourtant… Parce que notre voyage touche à sa fin, parce que l’Italie ressemble quand même de près au plus beau pays du monde, parce que l’été transfigure tout, je garde de Lecce un souvenir à part, doré. Façonnée par son passé grec, romain, byzantin, normand (oui oui), espagnol et enfin italien (la liste est plus longue en réalité mais j’ai reproduit l’essentiel), Lecce a l’élégance baroque d’une ville fière. La mise de ses monuments renvoie sans peine à son passé prospère. Les églises y ont poussé comme des pâquerettes, on en recense pas loin de trente disséminées ça et là !

La façade du Duomo de Lecce

J’emprunte au Routard la jolie comparaison que suit. Quand le soleil est à mi-parcours dans sa course, les murs de Lecce ont la couleur tendre du caramel. L’histoire de la ville se loge dans le moindre bas-relief, dans la plus petite crypte. Instruits et fourbus, le soir on se détend en terrasse… Lecce fait honneur à l’hospitalité si chère aux Grecs et son parfum de mystère, nous intime, déjà, de revenir.

Jour 11 ⸱ Brindisi

Escale avant l’aéroport du Salento

Nous ne sommes que de passage à Brindisi le jour du départ, mais là encore, quelle bonne surprise ! A vrai dire nous n’en voyons que la gare et le port mais je suis sûre que la ville mérite aussi le détour avec plus de temps devant soi. Au bord de l’eau, un restaurant qui semble nous attendre pour nous ravir une dernière fois du tour de main italien. Sans regret car il faut en laisser pour la prochaine fois, Ciao Brindisi !

Le port de Brindisi

Nous gardons de notre voyage un souvenir fabuleux. Prodigieux même, mais l’adjectif renvoie un peu trop à l’œuvre d’Elena Ferrante, et alors c’est Naples, la mer Tyrrhénienne… C’est un lieu commun de le répéter mais les Pouilles promettent une telle diversité de paysages qu’il n’y a que les statues pour rester de marbre face à la beauté et à la richesse du territoire. Côté transport, se déplacer sans voiture est un jeu d’enfant. On mange bien, terriblement bien, et à peu de frais si on ne cède pas trop à la gourmandise – mais à quoi servent les vacances alors ?…

Suggestions d’articles similaires

Souscrire

Saisissez votre adresse e-mail ci-après pour recevoir des mises à jour.